"Nous avons tous fait l'expérience, venant d'avoir dix ans, d'attendre un an pour atteindre l'anniversaire suivant ; cette année d'attente nous a semblé longue. Les personnes de mon âge se souviennent d'avoir attendu six ans pour passer du soixantième au soixante-sixième anniversaire et d'avoir trouvé cette attente bien courte. Pour tenir compte de ce constat, il est raisonnable de définir la durée perçue entre deux événements marquant des étapes de notre vie comme la variation relative (et non la variation absolue) de la durée mesurée, c'est-à-dire en divisant la durée mesurée par l'âge : durée perçue = durée mesurée/âge. Cette durée perçue est donc la même (un dixième de l'âge) entre les anniversaires 10 et 11 ou entre les anniversaires 60 et 66. Ce qui incite à mesurer l'âge personnel comme le logarithme de l'âge légal. Avec une telle convention, un centenaire n'est que deux fois plus « âgé » qu'un enfant de dix ans (en effet le logarithme de 10 est 1, celui de 100 est 2).
__Albert Jacquard
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